/ 130CM / 97CM
"Le Printemps" est une effusion de couleurs verticales, un véritable crescendo chromatique où la matière semble bourgeonner sur la toile. Loin d’un paysage pastoral ou d’une figuration florale classique, le printemps ici n’est pas une saison représentée, mais un élan vital, une poussée organique de lumière et de pigments. La structure verticale évoque des troncs, des rideaux de pluie ou des colonnes de sève en mouvement, tandis que les éclats rouges, jaunes et bleus semblent éclore comme des fleurs abstraites, issues d’une nature transfigurée.
Dans cette peinture, Gerber rejoint Kandinsky, pour qui « la couleur est la touche, l’œil le marteau qui la frappe, l’âme l’instrument aux mille cordes ». Ce printemps est musical autant que visuel — une symphonie dissonante mais harmonieuse, où chaque teinte vibre à l’unisson d’un renouveau. Les textures, presque sculptées dans la peinture, rappellent la densité sensorielle de Gerhard Richter, tandis que le rythme de l’ensemble nous entraîne dans une dynamique proche du tachisme ou de l’abstraction lyrique.
Mais ce printemps-là n’est pas simplement joyeux. Il contient aussi une tension, un chaos premier, comme si la naissance du monde devait passer par une lutte. C’est un printemps originel, où la beauté éclôt dans le tumulte, un Big Bang végétal. On peut y lire une métaphore de la création artistique elle-même : l’émergence d’un ordre à partir du désordre, d’une vision à partir d’un choc chromatique. Gerber y célèbre la fragilité exubérante de ce moment où tout commence — à la fois dans la nature et dans l’atelier.