/ 65CM / 50CM
L’œuvre "Carré d’or" s’inscrit dans une esthétique de la matière et de la lumière, où la sobriété apparente cache une profondeur sensible et méditative. À première vue, la toile semble minimaliste : une surface dorée, striée de lignes régulières et croisées, presque monochrome. Mais en y regardant de plus près, cette régularité est subtilement brisée, rythmée par des accidents, des surépaisseurs, des reliefs discrets. Gerber semble ici convoquer une réflexion sur la valeur, sur ce que l’on considère comme précieux — non pas dans l’éclat immédiat, mais dans la trace, le travail patient, l’empreinte du geste.
Il n’est pas sans évoquer les proportions harmonieuses du nombre d’or, cher à Léonard de Vinci et aux artistes de la Renaissance, symbole d’un équilibre universel entre nature et géométrie. Mais Gerber détourne cette perfection en y injectant de la matière brute, en rendant visible le travail du corps sur la surface, dans la lignée d’un Pierre Soulages, pour qui la lumière est révélée par la texture. La dorure ici n’est pas luxe ni ornement : elle est alchimie picturale, transformation d’une surface plane en un champ de vibration.
Cette œuvre se lit égalment comme une métaphore du silence, un silence actif, habité, presque spirituel. On pense à l’art minimal américain, à Agnes Martin, dans cette volonté d’atteindre une forme de transcendance par la répétition, la réduction, la rigueur. Mais là où Martin se retire dans la ligne fine et évanescente, Gerber reste dans le tactile, dans le poids du geste. "Carré d’or" devient alors une méditation contemporaine sur le sacré dans l’art : un lieu à la fois de contemplation, de lenteur, et d’éveil.