/ DESCRIPTION

"Iceberg" propose une immersion saisissante dans un univers liquide et mouvant, tout en nuances de bleu, où se mêlent douceur et vertige. En choisissant ce thème, Gerber ne se limite pas à la représentation d’une masse de glace flottante ; il en fait un symbole profond de la part invisible des choses, de ces vérités immergées que l’on ne perçoit qu’à travers leurs infimes manifestations en surface. À la manière de l’image freudienne de l’iceberg comme métaphore de l’inconscient — où la plus grande part de notre psyché demeure enfouie — l’œuvre joue sur cette dualité entre ce qui est montré et ce qui est dissimulé.

La composition marbrée, fluide, presque psychédélique dans ses volutes, évoque les textures du monde aquatique mais aussi la peinture de Gerhard Richter dans ses abstractions liquides, où les couches de couleurs se croisent, se fondent, se frottent sans jamais se fixer. Il y a ici un mouvement figé, un paradoxe visuel, comme si l’eau avait été saisie dans un instant de suspension. Ce gel pictural est d’autant plus troublant qu’il conserve la mémoire du flux.

Le message est d'interroger non seulement le monde naturel, mais aussi notre rapport à la fragilité, à la disparition lente et silencieuse d’un équilibre — celui du climat, peut-être, mais aussi celui de notre perception du réel. L’"Iceberg" devient alors une forme de vanité contemporaine, à la manière des paysages nordiques de Caspar David Friedrich, où l’immensité nous confronte à notre finitude. Sauf qu’ici, le sublime n’est plus figé dans le monumental, mais dissout dans les remous d’un glacis bleuté, qui nous renvoie à notre propre fluidité intérieure.